Mashi-Français

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La solidarité au bushi. Les indices.
KUDAHULA ou la Gratuité du feu

  1. Kudahula est un mot qui de plus en plus est entré dans le vocabulaire du swahili du Kivu. Mais, qu’est-ce que cela veut dire en mashi, sa langue d’origine ?

    Ce mot devenu magique à Bukavu a une longue histoire culturelle.

  2. Avant l’introduction des allumettes, c’est connu que nos ancêtres pratiquaient le frottement de bâtonnets pour produire du feu. Sauf que cette pratique demandait une habileté qui n’était pas nécessairement rependue parmi la population.

    Les bashi ont trouvé une technique toute simple pour avoir du feu en permanence : Ne jamais l’éteindre.

  3. Lorsque l’on terminait d’utiliser le feu, on retirait tout le bois en faisant exprès de laisser quelques morceaux de charbons ardents qui étaient alors recouverts de cendre. Le feu était donc couvé en dessous des cendres pour qu’il y reste loin de l’oxygène. Oxygène qui pourrait causer son extinction. C’est un peu comme si le feu était mis sur pause. Lorsque, ultérieurement, la famille en avait besoin, il suffisait de fouiller les cendres et le feu était là. Près à l’emploi.

    D’où l’expression "Luvu luholo lwoluyoca enyumpa" (Ce sont les cendres froides qui brûlent la maison). Car, ce n’est pas parce que le feu n’est pas visible qu’il n’est pas présent.

    Parmi les qualités que devait avoir une bonne femme, il y a la dextérité dans cette conservation du feu.
  4. Lorsque, pour une raison quelconque, le feu venait à s’éteindre, l’on pouvait alors recourir chez le voisin dont le feu couvait toujours pour prendre un peu de ce feu continuel. Le verbe pour cette action d’aller prendre du feu chez le voisin est KUDAHULA : il se traduirait donc littéralement par prendre un peu de feu chez le voisin.
  5. On ne dit pas Kudahul’omuliro (Omuliro = feu) parce que le verbe Kudahula sous-entend obligatoirement qu’il s’agit du feu. On ne l’utilisera pas pour demander de l’eau ou la nourriture par exemple. Seulement pour le feu.
  6. Jamais dans l’histoire des bashis, personne n’a fait payer pour ce service. C’est en cela que Kudahula est l’un des pratiques automatisées par l’habitude, mais qui indique un degré élevé de solidarité entre les bashis.
  7. Par extension, le verbe Kudahula est emprunté par le swahili pour signifier le fait de se connecter au réseau électrique public ou du voisin frauduleusement. Une façon de positiver un acte qui est criminel et dangereux. Une forme de solidarité négative.

Ebauche préparée par Marius Nshombo
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