KUDUMBA ou le Partage de la bière
- Traditionnellement, lorsque le régime bananier à bière arrivait à maturité, le propriétaire le coupait et faisait de la bière. KUKANDA.
- Après 3 jours, la bière, KASIGISI, étant tout à fait buvable, il ouvrait les vannes. KUHONGOLA.
- Les gens venaient alors pour boire. Certains payaient et d’autres profitaient du fait que lorsque quelqu’un achète la bière, la calebasse, KABEHE, doit circuler presque automatiquement pour que les autres personnes présentes puissent boire à tour de rôle, KULAMBAGIZ’AMANVU. (Je pense que c’est pourquoi, lorsque c’est un mushi qui ouvre un débit de boisson, les chaises ou bancs sont presque toujours placés le long des murs de la pièce. On peut penser que c’est pour faciliter cette circulation de bière).
Non, personne ne buvait seul, personne. Jamais. Les plus riches achetaient et tout le monde buvait. Et même lorsque personne n’achetait, il arrivait à un moment que le propriétaire de la bière lui-même fasse circuler la calebasse. Une chose est sûre, c’est ici que doit être née l’expression "le vin est tiré, il faut le boire" parce que le principe était simple : la bière est mûre, il faut la donner aux gens. Faute de moyen de conservation adéquat car, après 2 à 3 jours supplémentaires, la bière allait s’abimer.
- Comme, il y avait beaucoup de bananiers, il y avait donc beaucoup de personnes qui avaient en même temps de la bière buvable. Quand l’on avait besoin de boire, et Dieu sait que le mushi adore cette activité, il suffisait donc de se renseigner pour savoir chez qui il y avait de la bière mûre. Alors on pouvait circuler de maison en maison, de voisin en voisin, d’ami à ami pour demander : Ngahi bahongol’ene ? (C’est où que l’on va transvaser aujourd’hui ?). Cette activité de recherche de bière est le verbe KUDUMBA.
- KUDUMA peut aussi consister à aller dans un débit de boisson sans argent en s’attendant à ce que quelqu’un vous tende la calebasse à un moment. Et il y avait toujours quelqu’un pour vous tendre la calebasse. KUDUMBA c’est donc l’activité de prospection de bière dans le village mais aussi d’aller là où il y a la bière avec l’espoir de boire, même sans argent.
Même actuellement, dans des débits de boissons en ville, vous pouvez trouver des DOUMBEURS. C’est une francisation du mot KUDUMBA dans le swahili de Bukavu qui désigne ces personnes qui arrivent dans le débit de boisson avec une grande soif mais sans argent en poche, en espérant y trouver quelqu’un de sa connaissance qui offrira un verre. Dans les années, 60 à 90, on pouvait trouver des gens en train de boire sur la même bouteille à tour de rôle, mais depuis que des charlatans médico-religieux s’en sont mêlés, des soupçons d’empoisonnement sont devenus permanents et les gens ne boivent plus sur la même bouteille.
- Nous ne pouvons pas oublier de rappeler que dans cette activité, le doumbeur a plusieurs chances de socialiser et de s'informer. Le lieu de doumbage était une véritable agence de presse du fait que toutes les personnes de toutes les classes sociales y venaient et échangeaient diverses informations. Il s’y crée des nouveaux amis, on y renforce les anciennes amitiés et on y reçoit les informations sur ce qui se passe autour du village et dans le monde. Même celui qui ne boit pas a intérêt donc de s’asseoir avec les acheteurs de bière pour rester à la page.
Ebauche préparée par Marius Nshombo
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