La classe de mot est un ensemble de mots qui commencent en principe par le même préfixe, ce qui entrainent le même comportement grammatical de tous les éléments de la phrase liés à ce mot : verbe, adjectif, pronom...
Le point de départ pour comprendre n’importe quelle langue bantoue réside dans l’appréhension du système des classes de noms. En effet, les noms communs sont groupés en différents groupes. Cette appartenance à un groupe a un impact sur le comportement des autres parties grammaticales.
Prenons comme exemple cette phrase :
C’est à cause de lui-meme s’il est coupé.
Elle peut avoir plusieurs formes selon la nature de celui dont on parle ici.
Le français et l’anglais, pour ne citer que ces deux, ont un système similaire, même si on ne l’appelle pas classe. Oui, en français, il y a 4 classes nominales :
Celui qui comprend pourquoi et comment chaque mot de cette phrase change, selon le nombre et le sexe du sujet, n’aura pas de difficultés à comprendre les classes en mashi ou dans toute autre langue bantoue. De la même manière qu’en français, les mots sont groupés en masculin et féminin dont chacun peut être au singulier ou au pluriel, en mashi c’est exactement identique sur plusieurs aspects. Avec quelques variantes. Et ce sont ces variantes qui font la beauté des classes.
Avant de penser que le français est plus simple que le mashi sur ce point, voici la traduction des mêmes 4 phrases en mashi qui sont réduites à 2 comme ceci :
Remarquez le HI devant chaque mot de la phrase au singulier et le RHU ou RHW devant les mots du pluriel
S’il s’agissait d’un gros chien au lieu d’un petit, voici ce que cela donnerait :
En mashi, la dichotomie singulier-pluriel existe pour les mots dont le sens ou la nature le permet. Ce qui n’est pas le cas pour les sexes des mots (genres). En effet, les bashi ne sont pas sexistes, en tout cas leur langue ne l’est pas. Les mots ne sont pas groupés selon qu’ils sont "hommes" ou "femmes", mais plutôt selon leur nature et leur sonorité.
Selon la nature des mots, il y a plutôt globalement :
Selon la sonorité des mots, un mot peut bien logiquement appartenir à un groupe, mais à cause de sa sonorité, de comment il sonne, surtout au début, il va appartenir à un autre groupe. Voici quelques cas :
Mais tout cela connait des exceptions et a des conséquences sur toute la grammaire.
Si, en français, nous avons dit qu’il y a comme 4 classes, en mashi, il y en a 20. Dont environs 14 groupes du singulier et 6 groupes de pluriel. On s’attendrait normalement à avoir un nombre égal de deux cotés, mais non, pour certaines raisons, entre autres :
Les classes sont numérotées selon un système internationalement admis pour toutes les langues bantoues. Le premier principe d’appartenance à une classe réside plus dans la nature de l’objet désigné que dans la forme du mot, même si celle-ci n’est pas à négliger. Car les mots de chaque classe sont reconnaissables, en principe, par les lettres du début de mots qu’on appelle préfixe nominal mais selon certaines conditions.
Dans le tableau qui va suivre, nous allons mettre de manière simple les numéros de classes avec des mots types par classe en leur affectant un adjectif pour voir comment la classe influe sur un élément grammatical. Nous avons vu plus haut comment, en français, BEAU peut devenir BELLE, puis BEAUX ou BELLES, n’est-ce pas ? Maintenant observons comment MUBI (mauvais) va prendre 20 formes différentes possibles.
Voici donc le tableau des numéros de classes associés en singulier-pluriel :
Classe | Exemple | Traduction littérale |
1 | MUNTU MUBI | Une mauvaise personne |
2 | BANTU BABI | Des mauvaises personnes |
3 | MURHI MUBI | Un mauvais arbre |
4 | MIRHI MIBI | Des mauvais arbres |
5 | IJI LIBI | Un mauvais œuf |
6 | MAJI MABI | Des mauvais œufs |
7 | CIJUMBU CIBI | Une mauvaise patate |
8 | BIJUMBU BIBI | Des mauvaises patates |
9 | MPENE MBI | Une mauvaise chèvre |
10 | MPENE MBI | Des mauvaises chèvres |
11 | LUSIKU LUBI | Un mauvais jour |
10 | NSIKU MBI | Des mauvais jours |
12 | HIJUMBU HIBI | Une mauvaise petite patate |
14 | RHUJUMBU RHUBI | Des mauvaises petites patates |
13 | KABWA KABI | Un mauvais chien |
14 | RHUBWA RHUBI | Des mauvais chiens |
15 | BULA BUBI | Un mauvais intestin |
6 | MALA MABI | Des mauvais intestins |
16 | KUBOKO KUBI | Un mauvais bras |
6 | MABOKO MABI | Des mauvais bras |
17 | AHANTU HABI | Un mauvais endroit |
18 | KUSAMA KUBI | Une mauvaise manière de danser |
19 | OMUNDA MUBI | Un mauvais intérieur de ventre |
20 | EMBUGA MBI | Un mauvais dehors |
Avant de vous précipiter dehors, il faut savoir que le présent tableau est trop, trop simpliste. Car il y a bien des règles d’attribution des mots aux groupes. Par exemple, vous avez remarqué que le groupe 1 et 3 commencent par MU, qu’il ya 3 groupes qui ont le groupe 6 comme leur pluriel, etc. Ces règles sont abordées dans les liens qui sont dans le menu au début de cette page.
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